On peut souvent avoir l’impression que pour répondre aux problèmes écologiques il nous faudrait revenir à un âge ancien où l’électricité et la high tech n’existeraient pas. Le vrai challenge n’est-il pas de repenser nos façon de consommer, et surtout de produire ? Plutôt que de produire moins, pourquoi ne pas tenter de produire différemment ? Des courants de pensée se développent pour tenter de trouver une manière de produire, plus respectueuse. L’impression 3D est ici une vraie solution concrète combinant modernité et éco-responsabilité.

Prenons un exemple concret : celui des téléphones portables. Un smartphone nécessite l’utilisation de nombreux minerais rares notamment le lithium, le tantale ou l’étain. Ces ressources sont extraites de façon intensive pour coller aux désirs croissants du marché et à une durée de vie de plus en plus limitée des appareils. Dans des pays tel que l’Indonésie, 65% des forêts et 70% des récifs coralliens sont détériorés lors du processus d’extraction. Notons qu’un tiers de l’étain provient de l’archipel au Sud de Sumatra en Indonésie où les conditions de travail sont plus que dangereuses.

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© AFP/GOH Chai Hin

 

Autre paradoxe, la majorité des smartphones utilisés par les occidentaux sont produits en Chine, ce qui augmente leur empreinte énergétique : transport aérien, routier etc …

Cet exemple met en lumière deux problématiques majeures dans notre mode de production : l’utilisation intensive de ressources naturelles qui détruisent des écosystèmes entiers et, une unicité des lieux de production qui accroît l’empreinte énergétique de ces produits. Au lieu de produire localement des objets utilisant moins de matières premières, nous produisons loin et faisons voyager les produits jusqu’à nous.

Il s’agit donc aujourd’hui de trouver des réponses à ces problématiques en repensant notre manière de produire. L’une des réponse apportée est l‘impression 3D.

 

L’utilisation de l’impression 3D a pour but majeur la re-localisation des sites de production. En effet, grâce à cette technologie, l’objectif est de produire plus près de là où les gens consomment. Rappelons que l’impression 3D diffère des modes de production traditionnels puisqu’elle permet de produire des séries différentes à l’infini. Allant à l’encontre de la grande série fabriquée à partir d’un moule, la fabrication additive propose une machine permettant de créer toute sorte d’objet.

Certaines sociétés font déjà le choix d’utiliser l’impression 3D comme moyen de relocaliser leur activité. C’est le cas de Jean Michel Bertin, fondateur de CTD une coopérative spécialisée dans la fabrication de prothèses dentaires. Ce dernier a décidé de mutualiser le coûts des imprimantes 3D entre 45 laboratoires répartis partout en France. Le résultat ? 150 prothèses produites chaque jour et une promesse de livraison en 24 heures. Sur un marché à plus d’1 Milliard d’euros en France, cette coopérative parvient à se positionner parmi ses concurrents internationaux. Jean Michel Bertin expliquait lors d’une interview dans le journal Le Monde sa démarche : « Sous traiter en Chine, c’est compliqué en termes de logistique. Si la prothèse doit être retravaillée, il faut une semaine pour la réexpédier à l’atelier, une autre semaine pour la récupérer, et ainsi de suite »

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© 3D Natives – CTD

Outre la re-localisation, l’impression 3D permet la réduction d’utilisation de ressources naturelles dans la fabrication d’un produit fini.  Le salon World Material Forum regroupant les grands industriels internationaux a pour but de trouver des solutions concrètes aux problématiques de déchets de nos industries. Une des thématiques principales était donc : « 3D Printing for zero material waste » autrement dit, l’impression 3D pour une disparition des déchets industriels. L’intégralité de ces conférences sont disponibles sur le site du Forum. Lors de son intervention, le Professeur Sung Ha, directeur du département « Mechanical & Engineering » de l’université Hanyang en Corée, a mis en exergue les différents leviers activés par le procédé de fabrication 3D et ayant un réel impact sur l’écologie.

Prenant l’exemple d’une suspension automobile, il montre l’économie pouvant être faite en terme de déchets industriels. Lors d’un processus de fabrication traditionnel, l’objet est designé sur un volume de 100%. Il est ensuite travaillé, manufacturé pour atteindre un volume de 60% en moyenne. Grâce à l’impression 3D, le produit peut directement être désigné selon un volume équivalent à 60%, ce qui équivaut à une réduction des déchets industriels de 40%.

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© Prof. Sung Ha – World Material Forum

Deux leviers existent donc afin d’économiser l’utilisation des matières premières dans le processus de fabrication : dans le processus de design et dans le processus d’impression.

Il semble indispensable que l’impression 3D joue un rôle majeur dans les processus de fabrication industriel à venir. Considérée comme une « 4ème révolution industrielle », elle peut aujourd’hui profiter des enjeux écologiques pour se proposer comme une nouvelle façon de produire localement et en minimisant les déchets industriels. L’initiative du World Material Forum nous montre la voie puisqu’elle permet d’exprimer les solutions alliant croissance économique et sobriété en matières premières. Une nouvelle édition aura lieu à Nancy les 29 et 30 juin prochain afin de faire un état des lieux un an après …